Paludisme en RDC

La malaria – appelée aussi paludisme – est la première cause de mortalité en République démocratique du Congo principalement chez les jeunes enfants et les femmes enceintes. Mais cette maladie particulièrement pénible, touche toutes les générations de manière récurrente, apportant son impact négatif dans tous les domaines de la vie: les enfants sont souvent absents de l’école, le travail sous toutes ses formes est ralenti au détriment des familles et du pays.

Artemisinine et ses dérivés

Les médicaments les plus efficaces actuellement recommandés par l’OMS utilisent l’artemisinine contenue dans la plante « Artemisia annua » ou ses dérivés chimiques. Elle est toujours associée à une autre molécule, ce qui donne les médicaments « ACT ». Cependant, de nombreux africains – on parle de 80% de la population en RDC – n’ont pas accès à ces médicaments, en raison de leur coût ou de leur indisponibilité.

Artemisia annua

Elle est utilisée depuis plus de 2000 en Chine « contre les fièvres », l’intérêt pour cette plante a fait un bond au moment de la guerre du Vietnam, des études scientifiques récentes et des essais cliniques démontrent que la tisane d’artemisia annua atteint une efficacité comparable aux médicaments, pour autant que les conditions de culture et séchage soient respectées et que le traitement soit correctement suivi.

Notre action 

La fréquence de la malaria à Luebo et la détresse face à la difficulté de se soigner nous ont poussé à faire un premier geste simple – presque naïf – : cultiver l’artemisia annua en Belgique, dans nos jardins. Notre objectif: permettre aux gens de Luebo d’expérimenter le traitement, et développer ainsi l’intérêt pour la culture.

D’année en année, nos semis augmentent, nous distribuons des plantes à nos amis, nos voisins, des écoles, des jardins sociaux, ou encore aux visiteurs de la « Fête des plantes » à Neupré. Nous voyons s’éveiller ou se manifester chez des cultivateurs de tous âges le souci des autres, de ceux qui souffrent, si lointains soient-ils, par ce geste simple de semer, planter, récolter ce que nous offre la nature pour l’envoyer à Luebo.

Pour en savoir plus sur cette action : voir ici.

A Luebo

Dans les centres de santé et hôpitaux de Luebo, les quelques kilos de plante récoltés chaque année sont toujours accueillis avec joie, même si notre action nous semble une goutte d’eau. L’intérêt est croissant et si les premières années, les essais de culture à Luebo avaient échoué, depuis 2015 plusieurs cultivateurs ont obtenu des résultats encourageants.

Faustin Ngoma, cultivateur et utilisateur expérimenté de l’artemisia à Luebo, décrit l’efficacité du remède : « ça marche à 100 %… je dirais même à 110 % ». De fait, le traitement agit rapidement et sans effets secondaires, ceux qui l’expérimentent sont souvent étonnés et ravis. Nous avons aussi constaté quelques échecs, mais rares. Les familles où chacun prend une tasse de tisane 3-4 fois par semaine en mode préventif témoignent d’un franc succès. (Attention ce mode préventif n’est pas conseillé pour un voyageur qui vit habituellement dans un pays sans paludisme).

Recommandations de l’OMS 

De manière générale, l’Organisme Mondial de la Santé ne recommande pas la médication par les plantes en raison notamment de la difficulté de dosage. Ceci ne fait pas exception pour l’artemisia annua : l’OMS en déconseille l’usage et réclame un plus grand nombre d’études, sans pour autant les appuyer.

Comment nous situons-nous par rapport à cela? 

Préparer correctement la tisane, la prendre au bon dosage pendant 7 jours, c’est un peu exigeant. La malaria peut tuer, il est normal d’être prudent et rigoureux dans la posologie. Mais est-ce une raison pour baisser les bras ? L’alternative médicamenteuse n’est pas de toute fiabilité non plus : pas toujours disponible et souvent remplacée par de faux médicaments asiatiques qui inondent le marché de l’Afrique.

Parlant de dosage, l’OMS ne voit qu’une chose : le taux d’artemisinine, cette fameuse substance utilisée pour les médicaments. Effectivement, ce taux peut varier d’une plante à l’autre. Cependant, des études démontrent que l’artemisia annua contient , outre l’artemisinine, une multitude d’autres molécules et des flavonoïdes actifs contre le plasmodium. Cette substance est d’ailleurs pratiquement absente de la variété vivace « artemisia afra », qui soigne le paludisme également.

L’OMS invoque aussi le risque d’accroître la résistance à l’artémisine par la pratique de la monothérapie. En ignorant que la plante dans son « totum » est utilisée en Chine depuis 2000 ans sans avoir déclenché de résistance. Or, on sait que dans certaines régions d’Asie et maintenant d’Afrique, une résistance aux médicaments ACT (à base d’artemisinine ou d’un dérivé chimique) apparaît. Le paludisme continue ses ravages, il n’y a aucun plan B à l’horizon, et les essais de vaccins ne sont pas très concluants.

Maisons de l’Artemisia

C’est avec joie que nous voyons que l’artemisia gagne du terrain en Afrique, et que les africains s’approprient sa culture et son usage, en grande partie grâce à l’action incroyable de l’association humanitaire « Maison de l’Artemisia », fondée par Lucile Cornet-Vernet. Luebo-sur-Ourthe est reliée à ce réseau et souscrit pleinement à ses valeurs.

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