Le 25 octobre 2018, nous avons déposé à Anvers 4 tonnes de colis à destination de Luebo : livres et batteries pour les bibliothèques, panneaux solaires et matériel de santé, manuels scolaires, outils de menuiserie et d’apiculture. Colis attendus, espérés… plus encore après les événements douloureux qui ont ravagé la région en 2017, ciblant particulièrement les écoles et les centres de santé. Si réduite soit-elle, cette aide matérielle fait souvent une vraie différence pour les petites structures qui la reçoivent, et surtout adoucit une question qui taraude le cœur des Kasaïens : sommes-nous totalement oubliés du reste du monde ?
Envoyer des choses vers l’Afrique n’est jamais une chose simple. Je ne parle pas des trajets en camion, bateau, barge, pirogue ou vélo, ni des taxes et barrières formelles ou informelles… Mais bien avant cela, devant chaque livre ou objet apporté par un ami, un voisin, il faut décider s’il est bon de l’envoyer ou non, et à qui. Mille et une petites consignes passent dans la tête : ne pas concurrencer le « local », veiller à ce que ce soit adapté, utile à la communauté. Risquons-nous de créer une dépendance ? D’humilier ? De faire des jaloux ?
Tom a écrit dans notre charte « nous sommes tous pauvres de quelque chose ». Voilà bien une situation où nous en prenons conscience ! Celui qui demande est démuni, certes, mais bien souvent celui qui donne l’est tout autant, car il peut facilement se tromper. Il y a de l’Humain et de l’Amour dans ces cartons : crayons taillés et triés par couleur, bandes de tissu lavées et enroulées pour faire des pansements, dictionnaires réparés à la toile isolante, kits solaires patiemment bricolés, les outils du vieux papa, les livres de médecine de l’époux décédé… Nos colis ne ressemblent en rien à des kits standardisés de l’Unicef qui sentent le neuf et le propre (et qui, soit dit en passant, arrivent rarement à Luebo).



Les trois années de préparation nous ont parues longues. Mais après tout, c’est bien ainsi, car il nous importe que cette action n’éclipse pas les autres projets plus « participatifs ». Déjà en 2010, à la naissance de l’association, nous disions « nous ne voulons pas être des distributeurs de choses ». Et pourtant durant ces 3 ans de tris et emballages, les coïncidences entre demandes et dons furent si nombreuses et « à pic » que c’est difficile de douter que la Providence existe vraiment, et qu’Elle a plus d’une fois guidé les petites mains à l’oeuvre. Sérieusement !


Le parcours est encore long, plusieurs mois passeront avant l’arrivée de ces colis à Luebo. Entretemps, nous nous concertons avec l’équipe de Luebo pour que la distribution se fasse dans la transparence et sereinement.
Côté finances, nous avions organisé plusieurs actions en 2015-2016, et gardé le bénéfice en vue de payer les factures des transitaires et les taxes évaluées à l’époque à 8500 €. Tout a augmenté entretemps : les prix, les taxes, mais surtout la taille de notre envoi : le total devrait tourner autour de 12000 €. Il nous faut donc trouver 3500 € d’ici la fin du mois de janvier 2019… un défi à relever, toute aide est bienvenue !