Le 31 mars 2017 à 6 h du matin, un groupe important de miliciens armés ont semé à Luebo terreur et destruction. En quelques heures seulement, ils ont décapité quatre personnes, pillé et incendié tous les bâtiments administratifs et catholiques de la ville. L’évêché a brûlé, ainsi que le couvent, la sacristie de la cathédrale, la propédeutique, le noviciat, la maison de la coordination de l’enseignement, la procure, la paroisse Saint-Théophile, les véhicules des sœurs et de l’évêque. Tous le clergé a fui, ainsi que les sœurs et les novices, recherchées « pour être violées ».
Luebo est le siège d’un diocèse grand comme la Belgique, qui compte plus de deux millions d’habitants. Il n’y a pas eu de messe chrismale ni aucune autre office cette semaine. Nombre d’habitants sont réfugiés dans leur famille, ou cachés dans la forêt. Les miliciens tiennent la ville en otage. Ailleurs, les militaires de l’armée « régulière », commettent des crimes tout aussi terribles, allant jusqu’à tirer à bout portant sur des jeunes garçons sommairement soupçonnés d’être miliciens.
La racine du mal actuel en RDC, c’est un président qui prolonge illégalement son mandat et le pillage de son pays par lui-même et par d’autres prédateurs. La réalité des conflits sur le terrain est parfois bien plus complexe et risque de causer des divisions profondes entre des hommes qui jusqu’ici vivaient en paix.
Luebo-sur-Ourthe reçoit chaque jour des messages. Celui qui revient le plus souvent, que nous tenions à vous transmettre, à vous, paroissiens de la Vallée de l’Ourthe, c’est « Priez pour nous ». Vous avez souvent manifesté votre soutien, votre amitié en donnant de l’argent, des livres, des outils, du temps, toutes sortes de coups de main… Aujourd’hui nos frères et sœurs de Luebo ne nous demandent qu’une chose : « Priez vraiment pour nous » !
« Le ciel est rouge ici à Luebo, les miliciens sont arrivés à 6 h. Ils ont brûlé le couvent des soeurs, le parquet, les prisonniers sont libérés et quand je te parle, la maison de l’abbé Kasonga à Lunkelu est en train d’être incendiée, il y a de la fumée… eh eh! Luebo est entouré. »
« On a brûlé la maison, tout ce que nous avions, nous avons fui en pirogue, nous n’avons plus rien. »
« Pitié seigneur pour ceux qui meurent et pour ceux qui font mourir! Larmes… »
« Notre bibliothèque était en risque, on voulait la brûler. Emery les a suppliés, c’est pourquoi on ne l’a pas brûlée. Nous demandons toujours à Dieu de nous protéger, d’envoyer la paix dans notre territoire. Et vous aussi n’oubliez pas de prier pour nous. »
« Chez nous il y a un « savapa » depuis vendredi. Nous sommes partis nous cacher dans la brousse. Quand vous reviendrez ici à Luebo, vous verserez des larmes, vous allez beaucoup regretter »